11:L'autoportrait de Lilounette
Autoportrait
Fuir la foule, cette inconnue, dans laquelle ma silhouette, petite et sombre se faufile. Elle n’est que passagère dans les rues grouillantes, lesquelles je n’aime plus. Alors elle s’évade pour se ressourcer dans des endroits paisibles ou familiers, là ou le regard se noie de toute sérénité.
Car mes yeux sont à la fois l’expression de mon langage, ma manière d’être et d’exister Sombres, mystérieux.
Capables de surprendre dans leurs regards la nostalgie errante, la détresse profonde, la joie intense, la fatigue. Proies saisissantes de toutes les communications du corps et de l’esprit.
Les paupières baissées murmurent les silences éloquents dans leurs illusions. Fermées, elles stimulent l’endormissement, et aspirent aux méditations, si ce n’est un simple apaisement.
Grâce à mes yeux, la douceur des mots et la tendresse ont gardé leurs âmes enfantines.
Ils savent parler et glisser, paisibles, sur les notes d’un piano, pour que les doigts les suivent et fassent vibrer les chairs en les inondant de désirs troublants.
Ils courent après des images pour les transmettre sur papier, les découper, les assembler, et composer des scènes de vies familières pleines d’émotions, de fièvres et de souvenirs.
La nature me répète la douceur de ses merveilles au fil des saisons, pour que mes yeux les perçoivent avec prestesse et que mes mains engourdies puissent les animer.
Je marche et pénètre dans le vif d’un sujet, me délasse sur un banc, observe et saisit une forme dans l’objectif pour en assoiffer l’écran, reflet de mes fantasmes. Alors, mon cœur attendrit, me fait oublier, en rêvant, les douleurs de mon âge avancé.
Mes yeux, sans rides, ont conservé le charme d’une jeunesse qui n’est plus, source d’une vie encore prometteuse.
Lilounette http://au-fil-des-jours.over-blog.org