14:Françoise

Publié le par NatC

Françoise P deuxième jet
  Sur l’écran noir de tes nuits blanches, toi tu te fais ton cinéma…
 
Alors tu peins une scène de ville, la nuit.
Ville endormie, ou vidée. Nuit déserte et ville absente.
Et le bar de Phillies, comme une vitrine d’acajou et de peluche verte.
Alors tu peins vert Irlande le goudron de la rue
Vert pelouse vert billard Vert Irlande
Tu peins toi aussi un pan de mur jaune qui jette une lumière citronnée
Rouge d’acajou les murs, rouge d’acajou poli le bar
Et d’acajou Rita la rousse
Longue fleur pâle dans le feu
            Tu peins trois hommes, tu ne vois qu’elle.
La nuit est verte et rouge, la nuit est peut-être noire.
Tu peins.
 
…. Après son tour de chant dans ce bouge miteux, Rita l’a trouvé dans ce qu’on appelle sa loge. Il l’attendait sans impatience, toute la nuit devant lui. N’a rien dit. Retournait nonchalamment un briquet entre ses longs doigts. Elle a compris. Il s’est levé, a posé sur sa tête un feutre un peu cabossé et l’a fait passer devant lui.
Dans la rue, les pavés glissaient un peu à cause de la pluie qui était tombée. Elle se tordait les pieds sur ses talons trop hauts. Il la tenait calmement par le bras, comme en promenade.
 
Tu peins la ville rouge et verte, tu peins un film noir.
Elle le regarde du coin de l’œil, mesure ses chances de s’enfuir. Il jette sur elle un regard froid, il tire ostensiblement de sa poche un revolver, et l’y remet.
 
Deux heures du matin.
Tu peins.
Les voici sur ta toile, au bar. Tu les places devant l’écran noir. Sans un mot côte à côte. Le pan de mur jaune diffuse une lumière blafarde. Un autre homme est là, courbé sous ses pensées. Il appartient à une autre histoire, mais tu ne te résous pas à l’effacer. Plutôt le faire glisser progressivement dans l’ombre. Tu lui facilites la tâche en multipliant devant lui les bouteilles de bière.
Sur l’écran noir de tes nuits blanches, toi tu te fais ton cinéma…
 
Alors tu peins une scène de ville, la nuit.
Ville endormie, ou vidée. Nuit déserte et ville absente.
Et le bar de Phillies, comme une vitrine d’acajou et de peluche verte.
Alors tu peins vert Irlande le goudron de la rue
Vert pelouse vert billard Vert Irlande
Tu peins toi aussi un pan de mur jaune qui jette une lumière citronnée
Rouge d’acajou les murs, rouge d’acajou poli le bar
Et d’acajou Rita la rousse
Longue fleur pâle dans le feu
            Tu peins trois hommes, tu ne vois qu’elle.
La nuit est verte et rouge, la nuit est peut-être noire.
Tu peins.
 
…. Après son tour de chant dans ce bouge miteux, Rita l’a trouvé dans ce qu’on appelle sa loge. Il l’attendait sans impatience, toute la nuit devant lui. N’a rien dit. Retournait nonchalamment un briquet entre ses longs doigts. Elle a compris. Il s’est levé, a posé sur sa tête un feutre un peu cabossé et l’a fait passer devant lui.
Dans la rue, les pavés glissaient un peu à cause de la pluie qui était tombée. Elle se tordait les pieds sur ses talons trop hauts. Il la tenait calmement par le bras, comme en promenade.
 
Tu peins la ville rouge et verte, tu peins un film noir.
Elle le regarde du coin de l’œil, mesure ses chances de s’enfuir. Il jette sur elle un regard froid, il tire ostensiblement de sa poche un revolver, et l’y remet.
 
Deux heures du matin.
Tu peins.
Les voici sur ta toile, au bar. Tu les places devant l’écran noir. Sans un mot côte à côte. Le pan de mur jaune diffuse une lumière blafarde. Un autre homme est là, courbé sous ses pensées. Il appartient à une autre histoire, mais tu ne te résous pas à l’effacer. Plutôt le faire glisser progressivement dans l’ombre. Tu lui facilites la tâche en multipliant devant lui les bouteilles de bière.
Françoise
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P
Quelle imagination débordante, j'adore, merci Françoise. Cordialement.
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F
un script<br /> une action<br /> le temps immobile <br /> tu peins,tu estampilles<br /> inanition<br /> décrypte <br /> <br /> merci pour ce texte
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F
belle variante que ce dernier texte. Félicitations au peintre/cinéaste/conteur.
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N
Pardon pour ceux qui lisent les commentaires!<br /> Le com(ci -dessus) pour Françoise P répond à celui qui est sur sa contribution numéro 13;<br /> Chapeau bas à Madame. La première version(13) est un premier jet ni relu,ni corrigé.<br /> Celle-ci(14)est évidemment retravaillée et quel travail! Merci mon amie.
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N
je me disais aussi...<br /> Bises
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