LETTRE POSTÉE À BOBO DIOULASSO D'ARTHÉMISIA

Publié le par juliette



Ton humour est imprévisible, Arthémisia, et si joliment.....
Juliette

 
 
Bobo-dioulasso le 15 octobre 2007
 
Maman,
 
 
D’accord, je le reconnais, Jules Edouard est un beau parti. Si je l’avais épousé, je n’aurai probablement manqué de rien. J’aurai pu pavoiser dans sa Ferrari au derby d’Epson, faire mes courses chez Fauchon et m’habiller au Faubourg Saint Honoré. Je n’avais même pas besoin de finir mes études, m’avais tu dit.
 
Eh bien, tu as raison. Mes études, je ne les terminerai pas. Et Jules Edouard peut épouser ma sœur et lui faire plein de bébés.
 
J’ai  rencontré Tarzan la semaine dernière dans les allées du parc Montsouris. Il y jouait de la flûte. Mieux que Jean Pierre Rampal. Il pleurait aussi. Il était plein d’amertume mais si beau, Maman, si beau… Je suis sûre que toi aussi tu aurais craqué.
 
Il m’a dit qu’on l’avait trompé, qu’on lui avait dit que la France était un beau pays mais qu’il n’y a rencontré que  méfiance, indifférence et arrogance.
 
Il m’a parlé de son Afrique, de sa forêt, là où les arbres poussent loin du béton, là où les fleurs géantes viennent nous caresser. Il m’a parlé des lions qu’on ne promène pas en laisse, et des oiseaux au ventre oranger. Il m’a parlé des éléphants joueurs et des serpents dorés.  Il m’a parlé de la futilité de posséder et du bonheur de rêver.
 
Maman, il ne m’a pas trompée.
Maman, je suis heureuse. Ne vient pas me chercher.
 
Je t’embrasse tendrement.
 
Jane
 
 
 
Copyright © Arthémisia - octobre 2007
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