MISERERE NOBIS de FRANCESCA

Publié le par juliette b



Des rêves perdus à la misère du coeur


Vingt ans. J’avais vingt ans quand j’ai rencontré Henri.

Il officiait, en habit de lumière,
Dans ce cabaret fameux de la Rue Blanche.
Coup de foudre immédiat :
C’était l’homme de ma vie…

L’homme de ma vie… pas celle dont je rêvais.
Il m’a toujours tenu en marge de la sienne…
Dès la première grossesse il a décidé
Que ce n’était pas le moment de gâcher son avenir :
Premier avortement, terrible
Et qui a failli mal se terminer !
 J’ai la chair de poule et le gosier sec
Rien que d’y penser.

Quant à son avenir radieux, parlons-en
A courir le cachet,
A chanter dans des « beuglants »
Où on ne respecte pas l’artiste.
Une suite de fin de mois
A tirer le diable par la queue
Et à passer de meublé en meublé plus misérable…

Alors chaque après-midi nous nous installons ici,
Côte à côte mais solitaires et muets,
A l’abri du froid sur cette banquette de moleskine.
Discrète noyade sous les miroirs aveugles,
Devant notre amie commune aux yeux d’émeraude .
  

Miserere nobis


A l’enfant que je n’ai pas eu
Mais que d’un homme je reçus
Miserere nobis
A l’enfant que j’ai détruit
Dont je formais le corps et le souffle
Miserere nobis
Par un ventre prédestiné
Créé par des milliers d’ascendants
Miserere nobis
A l’enfant dont je porte en moi le prénom secret
Enfant conçu et à jamais inachevé
Qui s’est défait de moi pour donner ce poème.
Donna nobis pacem

Francesca Blue

Publié dans Francesca Blue

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A
Magnifique, surtout la deuxième partie du poème ! L'amour qui tue un autre amour sans doute plus beau que le premier !
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A
que rajouter ? ...tu le dis très bien toi même, le silence d'un prénom secret.
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A
Qu'ya-t-il à rajouter ? Une larme peut-être !
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P
Cette souffrance! Tu as su terriblement partager ce fardeau.
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