CENDRILLON EST EN RETARD d' ARTHEMISIA
Ce n'est plus Cendrillon qui est en retrd,
mais sa marraine.
Là ce n'est plus du jeu.
mais sa marraine.
Là ce n'est plus du jeu.
23h 49….Le carrosse orangé roule à brides abattues réveillant tous les bien-pensants par le fracas survolté de ses roues sur le pavé.
« Pourquoi es tu venue si tard, gentille marraine ? Pourquoi ?
Je ne serai jamais au bal avant minuit ? Et le château est si loin…Fouette cocher ! Fouette !
Rue du canon. Rue du saute – ruisseau.
Enfin, nous voilà rendus…
Attention à ma robe. Je ne peux pas la chiffonner. Ce taffetas, quelle merveille ! Et mes pantoufles si douces…Comment ne pas les salir ? »...
Cendrillon saute du carrosse et court, court, à perdre haleine, monte le grand escalier, arrive toute essoufflée sur le palier. Un chambellan lui ouvre la porte. La lumière jaillit. Ouf ! Tout n’est pas fini : le bal bat son plein.
Tout brille : les lustres de cristal, les couverts d’argent, les plateaux de vermeil, la flamme des bougies, les robes satinées des dames, les bijoux, les parements des uniformes…et là-bas sur son trône, qui semble s’ennuyer, le prince tout auréolé de sa couronne.
« Ce que c’est beau !
Et lui, ce qu’il est beau ! »
Elle aime déjà ses boucles blondes, ses yeux clairs, sa peau de lait, son port altier.
Elle aime son uniforme d’or, ses mains si fines, sa bouche ronde et rouge.
Et pourtant il a l’air si triste, plongé dans ses pensées…
L’orchestre lui aussi est brillant dans son interprétation, et Cendrillon aurait bien envie de danser.
…On entend à peine le clocher au loin.
« Mais pourquoi rit – il ainsi soudain ce beau prince? » Il rit, à s’en tordre les côtes. Il rit et sur son doux visage naît la méchanceté…
« Qui a-t-il de si amusant que ne veulent partager tous ces nobles invités? Mais pourquoi rient-ils tous ainsi, enfin… ? »
Cendrillon ne comprend rien tandis que toute l’assemblé la regarde, hilare.
…Jusqu’à ce que le grand miroir de la salle de bal lui offre son reflet… en haillons.
Le dernier coup de minuit sonne au clocher.
Il faut partir, partir le plus vite possible.
Partir et oublier.
Car les rêves ne savent pas nager dans les regards mouillés.
Copyright © Arthémisia - janvier 2008
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