LE MIROIR SE BRISA de SIDO
C'est passionnant comme le début d'un roman....
Et le miroir se brisa…
Ainsi commença le récit, sous la plume de l’écrivain. Etait-ce la fin de l’histoire, le début d’une autre ?
C’est tellement surprenant un miroir ! Cet écran séduisant, brillant, immuable ami, semblait s’unir à son personnage, tout en le tenant à distance. Le reflet, toujours le même, le rassurait, le sécurisait.
Que voyait-elle d’autre, son héroïne, qu’un chemin agréable parcouru à deux, silence rompu par les cris joyeux d’enfants, une route à peine infléchie par quelques virages bien négociés, une autoroute large, paisible, la menant de plus en plus loin sans cahots, dans un voyage dont l’horizon connu, ne la perturbait pas.
La lumière projetée sur la plaque de verre donnait à cette image toutes les variantes de teintes susceptibles d’embellir la réalité. L’écrivain voyait le parti qu’il pouvait tirer de ce jeu d’ombres et de clarté.
Que cacherait ce tableau lisse, contemplé avec une apparente sérénité par son personnage ? Et si un jour apparaissait quelque part dans le miroir un petit rien, inhabituel, étrange ?
C’est tellement surprenant un miroir, le chemin avait pris l’apparence d’un sentier tortueux, la route se perdait dans les brouillards, l’autoroute balisée de rails infranchissables l’acheminait contre son gré vers une destination dont elle apercevait avec frayeur toute la laideur. Dans ce bouleversement, cette inversion que lui renvoyait la glace, l’héroïne troublée découvrait tout à coup l’apparence, l’illusion qui l’avait jusqu’ici protégée : En filigrane s’était incrustée dans le paysage une fenêtre bras ouverts aux rayons du soleil, accueillante au bleu du ciel et qui semblait lui dire « viens »….Et le miroir se brisa…
C’est ainsi que l’écrivain imaginait le vécu confronté à l’illusion du vécu : l’image des chemins parcourus s’effaçant devant la promesse d’un autre chemin oublié, puis surgi devant soi.
Restait à l’héroïne tirée de sa bienheureuse sérénité, à lire dans le puzzle de verre brisé gisant à ses pieds.
Lasidonie
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