IL, ELLE, par ARTHEMISIA
IL est inquiet, mal dans sa peau,
Elle est paisible, calme....
Elle est paisible, calme....
Il adorait la chaleur de son lit, même tard dans la matinée ; il y gardait les yeux ouverts, repensant à cette fuite dans le désert, qui l’avait vu bondir hier, sans crainte, tel le guépard.
Aujourd’hui sa seule angoisse était de mourir seul.
Il aurait pu faire la fête. Quelques billets dépassaient encore de la poche de sa veste. Il aurait pu baragouiner quelques mots d’anglais à une touriste au casino, lui faire son plus beau sourire, lui offrir du champagne et des langoustes et faire semblant d’être fou d’amour pour elle.
Pourtant il se leva pour prendre du papier, son stylo et s’installa à son bureau. Il fallait soudain qu’il écrive.
Il regarda le tableau, celui qui représentait sa mer, son Ouest. Cela réveilla de vieilles cicatrices. Des bagarres du cœur.
La sirène d’un bateau retentit au loin.
« Pourquoi m’as-tu si peu aimé, maman ? »
Cette maudite chaise manquait de confort…
C’était la fin du printemps et la chaleur s’annonçait agréablement.
La matinée avait été studieuse.
Elle avait commencé par dépoussiérer tous les tableaux et tous les livres, puis avait nourri les tortues, dans le jardin.
Apercevant le jeune voisin qui se promenait en boxer sur sa terrasse, un sourire lui était même venu.
Puis, assise sur son lit, elle avait passé deux heures à trier soigneusement ses écrits, ceux qui encombraient ses poches, gribouillés au crayon, et ceux noircis au bistrot sur lesquels se dessinaient les ronds de ses tasses de café.
Elle les avait rangés dans les classeurs orange, à côté des lettres qu’elle avait écrites à son père de son écriture appliquée, avec son magnifique Meisterstück.
Pourquoi n’avait elle n’avait jamais eu le courage de les lui envoyer ?
Elle eut soudain l’envie rageuse de rogner une côtelette d’agneau jusqu’à l’os…
Copyright © Arthémisia – Février 2008
http://corpsetame.over-blog.com