"PORTRAIT" de LILOUNETTE
C'est un portrait, écrit avec originalité, mais ICI nous ne la craignons.
Nous le lisons entre les lignes
Nous le lisons entre les lignes
J’étais encore à m’interroger
J’étais assise face à lui, et voyais ses mains tourner les pages d’un agenda jusqu’à la fin de la semaine.
Il baissait les yeux sans la moindre attention, et j’observais toujours ses mains, qui en sens inverse, effectuaient les mêmes gestes en remontant au début de la semaine.
Puis son regard s’était figé et ses doigts griffonnaient : un jour, une heure, que sais-je, avec une sérénité que je lui connaissais, sérieux, pensif.
Il ne vieillissait pas.
Soudain, une sensation m’avait envahie, saugrenue, avec des fourmillements autour des lèvres devenues convulsives, lesquelles s’enhardissaient à prononcer son nom, en vain inaudible.
Mon cœur, lui, battait si fort en sa poitrine qu’on eût dit un cheval au galop et ma tête s’était mise à tourner, tourner, tourner, à la fois prisonnière d’une suée , tandis que j’étais entièrement glacée au même moment..
Je ne savais plus. J’étais allongée sur le flanc de la rivière, complètement dénudée, emportée par le courant d’ une eau troublée, croisant sur mon linceul des fleurs de nénuphar, belles, si belles , jetées comme un adieu sur mon corps blême et engourdi.
Seule, ma pensée vagabondait vers lui, quand doucement, j’émergeais des flots de l’absence.
Agenouillé devant moi, il tenait entre ses mains, les miennes fiévreuses.
–« que s’est-il passé, ma chérie, dis-moi, tu trembles ? »
Je n’osais lever les yeux : chérie, il avait dit :-« ma chérie » !
J’avais envie de crier, mais ne le pouvais. Ma voix était étouffée de mots qui se taisaient. Il y avait longtemps, si longtemps…
Alors, je laissais tomber ma tête au creux de son épaule, et de chaudes larmes montaient en sanglot, et roulaient le long de mes joues.
J’étais encore à m’interroger si ce n’était cette personne que j’aimais le plus en ce moment
Lilounette
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