L'ILE d'ARTHEMISIA
Émouvant instant que celui de la naissance
Naissance d’une île
Elle était endormie sous un océan plat,
Sans écume, sans vague, sans rêve, sans au-delà.
Un clapot noir et lourd peuplait son jour sans ciel
Plombé en sa surface d’une grasse couche de fiel.
Ligotée à son fond, elle renonçait passive,
Aux parfums des chaleurs, aux couleurs qui s’avivent.
Elle tremblait trop souvent et perdait ses oranges
Dans le jus triste et gris des jours qu’on essange.
Un vent soudain naquit, venant de l’au-delà
Celui que nul ne sait, que personne ne voit.
En un franc tourbillon la mer il transperça
Et aspira du fond l’île rouge qu’il aima.
Elle s’en trouva grandie, gonflée, pleine d’assurance
Qu’apportent les images et les rêves de l’enfance.
Elle naquit aux humus, aux forêts, aux rivières,
Aux fruits rouges des urgences, au lait blanc de la terre.
Dorée par le soleil elle s’offrit au marin,
Au pêcheur de perles, au nageur, à la main.
Sur la carte du tendre, l’île tient désormais place :
Il y vient s’échouer comme dans un palace
Et le vent souffle encore gonflant leur chevelure
Des mots doux des amants, des doux mots qu’on murmure.
Copyright © Arthémisia – Sept 2008
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