ÉTÉ de LILOUNETTE
Oublie le miroir, tu es toujours toi
D’un été à l’autre
Jamais je n’avais vu la nature d’aussi près. Sans doute qu’à travers la frénésie des papillons je cherchais une fuite à mes marches solitaires tout en m’imprégnant de leurs ébats comme une amante qui défaille.
Les mâles plongeaient leur bouche jusqu’au sein des fleurs. Je ne pouvais les voir se coucher sur elles, soulever leur robe, les empourprer, sans penser à ma jeunesse, et ces mains qui aux premiers émois amoureux tentaient aventure.
Vifs, légers, parés de leurs plus beaux atouts, ils tournoyaient autour des belles,ne sachant laquelle offrirait le meilleur des plaisirs, pour un instant s’y poser, en dévorer le cœur ,et poursuivre leur chemin , puis revenir , inlassables,passionnés , infidèles.
Ma contemplation n’avait jamais, elle aussi été aussi forte, comme si mon regard n’avait plus que ces jeux-là à s’offrir pour effacer ceux que la vie m’avait donnés, comme si je découvrais que les insectes nous ressemblaient, nous, si humains …je les enviais de se découvrir, d’être si beaux les uns et les autres, je les enviais ainsi à déployer leur jeunesse dans un espace si aérien et sans vergogne. Un espace rien qu’à eux comme l’avait été le nôtre. En reprenant le chemin paré d’ensoleillement, la tristesse en moi s’accoutumait. Elle était devenue ma passagère, car chaque fois j’entendais, une main posée sur mes épaules-« tu es belle » .Sans doute l’avais-je été, sans doute avais-je voulu l’ignorer. Timidement le temps m’avait tendu un miroir dans lequel mon visage n’était plus le mien, c’était trop tard pour répondre à ces mots, j’avais tiré sur les plis de ma jupe pour cacher mes genoux…
Lilounette
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