LE BANC de CLAUDIE

Publié le par juliette b.


Un peu de nostalgie à la Rimbaud

 

 

LE BANC DES EMBRUNS

L’été a replié ses parasols et les chaises à rallonge ont regagné leur abri. Je me sens seul malgré la présence de quelques sièges insignifiants.

Je ne veux plus voir la mer. Elle m’a donné trop de joie par le passé. Le temps m’assassine et gonfle mon bois. Je n’ai plus la force de regarder les brisants mourir au pied de ma terrasse.

Je ne suis qu’un vieux banc solitaire à la peinture écaillée par les embruns. Aucun oiseau blanc ne vient se poser sur mon dos avant de filer entre deux vagues. Aucun couple d’amoureux ne vient me réchauffer de ses mots tendres. Il ne reste que les douairières d’arrière-saison dans la petite station balnéaire. Elles ne m’envahissent pas longtemps car je larde leurs augustes derrières d’échardes bien piquantes. Sans l’ombre d’un remord !

Quand le soleil embrase l’horizon, je me retourne et rêve d’être un bateau ivre de vagues ou bien un radeau médusant une sirène.

Je voudrais que les alizées disloquent mon pauvre bois et m’entraînent au large. Que la nacre des coquillages recouvre mon armature.

Ainsi je deviendrais le refuge de toutes les âmes bleues perdues en mer.

 

Claudie

 

Publié dans participant libre

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U
Du banc à l'âme.... de toi à la mère... Très beau texte!
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B
Quel bel espoir de fin, si artistique et si poétique !
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F
j'aime beaucoup ce texte et la vision de ce banc soumis aux embruns de son âme
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A
"Les ames bleues perdues en mer", et tant de rêves envolés depuis ce siège usé que j'imagine fort bien en radeau navigant à contre courant du temps.... Attention à vos arrières les échardes du bois, comme celles des sentiments sont douloureuses !!!
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C
Le texte est magnifique et le banc généreux pour la dernière phrase.Il aime bien l'humour aussi ce banc !
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