LE BANC de CLAUDIE
Un peu de nostalgie à la Rimbaud
LE BANC DES EMBRUNS
L’été a replié ses parasols et les chaises à rallonge ont regagné leur abri. Je me sens seul malgré la présence de quelques sièges insignifiants.
Je ne veux plus voir la mer. Elle m’a donné trop de joie par le passé. Le temps m’assassine et gonfle mon bois. Je n’ai plus la force de regarder les brisants mourir au pied de ma terrasse.
Je ne suis qu’un vieux banc solitaire à la peinture écaillée par les embruns. Aucun oiseau blanc ne vient se poser sur mon dos avant de filer entre deux vagues. Aucun couple d’amoureux ne vient me réchauffer de ses mots tendres. Il ne reste que les douairières d’arrière-saison dans la petite station balnéaire. Elles ne m’envahissent pas longtemps car je larde leurs augustes derrières d’échardes bien piquantes. Sans l’ombre d’un remord !
Quand le soleil embrase l’horizon, je me retourne et rêve d’être un bateau ivre de vagues ou bien un radeau médusant une sirène.
Je voudrais que les alizées disloquent mon pauvre bois et m’entraînent au large. Que la nacre des coquillages recouvre mon armature.
Ainsi je deviendrais le refuge de toutes les âmes bleues perdues en mer.
Claudie