LA COMÈTE de CLAUDIE
LE VIEIL HOMME ET SON ETOILE
Les gens se moquaient de lui. Ils le prenaient pour un fou. C’était un homme solitaire et l’avait toujours été. On ne lui connaissait pas de famille, ni d’amis et encore moins d’amour. Il vivait retiré dans une méchante cabane de torchis où ne brillait pas le moindre feu en hiver. Ceux qui avaient pitié lui donnaient quelques légumes, le gibier, il le braconnait dans les bois. Il avait aussi la curieuse habitude de scruter le ciel, se tenant droit sous les quolibets des habitués du café de la place.
Ceux qui prêtaient une oreille à ses paroles l’entendaient parler de sa belle étoile. Il disait qu’il était né avec une somptueuse étoile et que ce serait elle, sa dame de lumière qui descendrait sur terre le chercher à la fin de sa vie.
Des étoiles, il y en avait tous les soirs dans le ciel raillaient les mécréants et la sienne était peut-être la polaire, la plus brillante et la plus glaciale de toutes. Mais le vieil homme savait…
Un soir une lueur étrange transperça l’horizon. Certains y virent les feux des canons et l’approche d’une guerre. A cette époque on était superstitieux et le village fourbit la croix des processions. Le deuxième soir, l’air qui avait été vif toute la journée fut aspiré par le ciel flambant de météores chatoyantes, telles des pierres précieuses.
La valse des couleurs embrasa les nues. Un grand silence et une merveilleuse comète damassée de lumière s’arrêta au-dessus de la cabane du vieil homme. Des fils de soie d’argent, s’accrochèrent aux branches. La lune au visage rouge pâlit de jalousie et les étoiles habituelles en perdirent le nord.
La fabuleuse étoile déployait sa queue de particules vibrantes et douces et allumait des feux dans toutes les gammes de la palette. Jamais on ne vit couleurs plus pures.
Le lendemain on chercha le vieil homme. Il avait disparu.
La comète de Haley ayant retrouvé son amoureux, ne reviendrait pas avant longtemps chercher bonne fortune.
Claudie