SILENCE de MATHEO
Voici un mot riche de sens et lourd de conséquences.
Le silence est l’arme absolue, mais c’est aussi un refuge autant qu’une prison ?
Je pense que nous existons plus au travers de nos silences que par tout autres expressions, le silence est l’expression suprême, lorsqu’il est volontaire, lorsqu’il est porté par un regard, par un geste aussi minime soit-il…
Je pense que le silence est aussi l’ordre le plus odieux que l’on puisse donner.
Elève à la conduite irréprochable, je subissais les « SILENCE !!!! » vociférés par des adultes en perdition avec résignation, ces injonctions accompagnaient ma journée, du préau, en passant par la salle de classe et jusqu’au réfectoire !
SILENCE !!!! Ces sept lettres partaient à l’assaut de mes oreilles innocentes et rythmaient de sa colère aveugle mes journées scolaires.
Le plus étrange est sans doute que ces mêmes personnes s’étonnaient : avec sincérité, auprès de mes parents, de mon manque de loquacité.
Puis, par un concours de circonstances, mon cousin, Franz, intégra la même école que moi. Il n’y avait rien de calme ou de soumis chez lui, et à la première intimation de silence, il répondit avec un visage angélique :
-« la queue du chat balance !
Immédiatement l’hilarité générale fut une sorte d’avènement pour le nouveau trouble fête de la cour de récré.
Inutile de vous dire combien je trouvais cette effronterie glorieuse !
Depuis la vie m’a souvent imposé le silence, il faut baisser la tête et se montrer obéissant en toutes occasions, ne serait-ce que pour garder son job, ou pour simplement obtenir un formulaire d’une quelconque administration, mais au fond de ma tête résonne encore une voix enfantine et formidablement audacieuse qui rétorque :
La queue du chat balance...
Matheo