Contribution 4:Balaline
Elle le regarde, attendrie, disparaître dans la rue. Elle ferme ses yeux très fort, non, les larmes ne gagneront pas aujourd’hui.
Elle s’est longuement préparée à cette absence, ce manque, ce déchirement d’une partie de sa vie, de sa jeunesse.
Pourquoi faut-il en arriver là ? A cette séparation ! Après tant et tant d’heures passées côte à côte, l’un touchant l’autre, ses mains à elle qui l’ont si souvent caressé, tapoté, malmené parfois, toujours si ardemment désiré !
Mais voilà que les larmes commencent à couler, les images se voilent, pourtant bien réelles, si présentes……….
De leurs premiers accords entêtés à l’harmonie parfaite, un si long voyage dans les heures et les jours, une approche à la fois émouvante et presque dramatique parfois dans ses errements, ses maladresses, son désir de perfection !
Les larmes, les sons, réminiscence d’un vécu douloureux, d’un apprivoisement quotidien délicat, d’un jeu de doigts toujours perfectible !
Elle le regarde attendrie, tandis que se joue sur son vieux phono, la petite sonate en ré majeur de son compositeur favori.
Car il faut à tout prix écraser le silence, ce vide infini qui semble vouloir l’engloutir toute entière, la malmener, décupler sa souffrance.
La pièce est nue du vide de l’absent, vertige du manque, dans l’espace et le temps.
Elle revoit les matins et les soirs, l’émerveillement quotidien de le savoir là, tout près, à son réveil. Puis les heures folles, les moments endiablés à faire surgir un bout de mélodie, ses propres créations.
Elle le regarde, éplorée, disparaître là-bas…..
Porté par quatre solides gaillards, tel un convoi funèbre, son vieux piano s’éloigne lentement…….
balaline http://balaline.over-blog.org
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