11:contribution de Baby la malice

Publié le par NatC

 

Au détour de la rue menant sur la place du village, à l'ombre des grands arbres où se concentre tout mouvement aux heures des sorties des classes. A cette heure-ci de la matinée peu de passage. En son centre, une fontaine en forme de soupière symbolique de la ville, son jet assourdissant couvre les bruits des enfants dans l'école proche.  

Chaque jour à la même heure, un petit vieux traverse cette place. D'un pas hésitant, il avance, s'aidant d'une canne, il marche, dandinant, à cause un problème de hanche. Vêtu d'un paletot de misère, décousu, usé d'avoir trop servi et coiffé d'un chapeau à large bord enfoncé jusqu’aux milieu des oreilles.

Pétri de douleurs arthrosiques, il s'installe avec beaucoup de précaution sur un banc, situé près de l'école. Son visage fixant le portail fermé, retenant pour la matinée les enfants. Il semble se nourrir des bruits venant de la cour, et que pourtant ses petits yeux ridés par les années sont clos. Il attend, attend !   

Il paraît somnoler jusqu'au moment ou la cloche sonne, et que les enfants se ruent à l'extérieur. Le chahut et les cris stimulent le grand-père. Ses prunelles s'illuminent, ses petits yeux flétris pétillent, une lueur d'espoir l'illumine, son corps entier frissonne d’un bonheur perceptible. Que se passe t-il ?  

Il ne reste plus personne sur la place, qu'une petite fille. Elle s'avance en sautillant vers le banc, s'assied aux côtés du vieux monsieur. Elle sort de son sac plastique un sandwich, en prélève un morceau et le lui offre. Rien ne les dérange sur la place devenue de paisible, sans une parole ils mangent dans ce silence absolu. Seuls leurs regards qui se font faces rayonnent. Ils restent ainsi tous deux immobiles, animées de la même joie. Le temps s'est interrompu l'instant d’un partage, d'un morceau de pain.  

La magie est interrompue par le retour des enfants, toujours sans un mot le petit vieux se lève péniblement la fillette lui tend sa canne. Il s'en saisit, et repart de son pas balançant, le regard absent, seules des larmes glissent sur son visage marqué. Pas une fois il se retourne. Attendrie la fillette le regarde disparaître dans la rue. Bientôt elle ne voit plus sa silhouette clopinant vers le néant.

Nul n’a jamais su, que ce grand-père dandinant, avait une petite-fille au cœur généreux. 

 http://mes-mots-mes-maux.over-blog.com
 

 
 
 

Publié dans vos poésies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Une histoire très touchante. La petite fille qui couve le grand-père d'un regard attendri, et peut-être presque maternel. J'aurais bvien aimé avoir cette idée moi-même!
Répondre
L
Un texte plein d'affection, de tendresse, d'émotion
Répondre
N
Que cette histoire "intergénérationnelle" est belle! Je les vois bien tous les deux sur ce banc.Pas besoin de discours tout est dans les gestes...<br /> Merci Baby la Malice
Répondre
A
Tendre alliance<br /> Jaillissant de l'enfance<br /> L'enfant et le veillard<br /> N'ont pas besoin de fards !<br /> <br /> Merci pour cette relation affectueuse partagée sur un banc.<br /> <br /> ABC
Répondre
F
plus qu'un texte, un instantané de ce que peut-être la générosité d'une âme d'enfant, n'oublions jamais notre jeunesse.<br /> merci pour ce texte empli de tendresse
Répondre