15:Ma contribution

Publié le par NatC

 
Quinze ans. 
 
            Quelque chose attend. Quelque chose est là ,caché derrière sa main ,dans sa poche. 
On voit son autre main, à lui, dire au revoir de manière maladroite, ne sachant comment utiliser ses doigts.
 Doigts raides sur main ballante ou doigts battants sur paume douce. Douce menotte de bébé qui lui dit à elle, coucou sur le manège qui le transporte.
 Premier départ, premier adieu. 
 
            On ne sait pas s’il va lui sourire. Lui-même ne semble pas savoir. Sourire nigaud, sourire figé, entre les deux son cœur hésite.
 Silence... puis embarras.   Partir vite, ne pas la voir pleurer, ni se serrer contre elle.
 
            On entend  qu’il lui dit de ne pas l’appeler. Qu’il ne faut pas qu’elle s’inquiète, il sera là lundi.
La tête baissée, il se dérobe à son regard. Tandis que ses yeux, à elle, ses yeux sucrés de mère gâteau s'écarquillent et attendent un retour.  
            A lui, on lui remarque sa froideur, sa froideur volontaire, à elle son abusive candeur. Il lui répète de ne pas l’appeler... son téléphone n’est nulle part. Il est éteint. 
 
             Elle le regarde, attendrie , disparaître dans la rue. Petits pas de bébé qui vont trop vite. Attention aux voitures, il ne faut pas courir. 
 
               On le voit se presser, volontaire et sûr de lui, mettre un pas devant l’autre
 
             Elle garde une main levée. Ne surtout pas la baisser, il peut se retourner ...
              Parfois il penche son visage d’un côté, il sent qu’elle est encore là , alors il accélère le pas, lève son buste, paraît encore plus grand et marche droit vers son but.
             On se doute qu’il va passer un virage. Transition.  
 
            Tâche noire au loin et puis plus rien. Elle se dit qu'elle a laissé partir son ado, son enfant, son bébé. Peau douce qui lui fait coucou, peau acnéique qui ne l’embrasse pas. 
 
               Il se retourne pour s’assurer qu’elle ne le voit plus. Il ralentit son pas. Il baisse son torse pour paraître plus petit et, timide ,il marche sur ses orteils. Il se tourne une nouvelle fois au cas où elle accourrait,il peut avoir oublier quelquechose.
            Or, on sait qu'il n’a rien oublié. On voit qu’il serre encore très fort l’objet qu’il a dans sa poche. Il le sort, le caresse et n’hésite pas longtemps pour allumer son portable. On le surprend à sourire. Il est relié à nouveau à elle. Il se dit qu'elle peut appeler maintenant.    
            NatC
 
 
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L
delicatesse et sensibilité, joli...
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J
ça rappele des trucs......des souvenirs , des départs
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L
Le portable, celui qui nous permet d'entendre leur voix éloignée, qui nous sécurise , l'indispensable, mais nous aide-t-il à couper le cordon ?
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F
une contribution qui nous renvoie à nos émotions et à nos sentiments. du bonheur à l'état pur. Merci nat de cet instant de littérature
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A
Je suis heureuse de trouver un texte de toi, il est touchant et bien réaliste. Fil ténu que ce portable dont les jeunes ne peuvent plus se passer qui probablement les sécurise et peut-être sécurise aussi les parents...........<br /> ABC
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