de CLAUDE LAUMONIER
Voici une interprétation très savante et poétique . Si ce n'est pas ma propre interprétation, je l'apprécie et elle convient très bien à ces femmes tristes et lasses un peu, mais qui espèrent encore...Juliette
Je pense, qu'un jour prochain je vous donnerai encore un autre tableau à "décortiquer"
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Nous sommes les trois Parques, les trois Moires, les trois Nornes. Nous sommes fatiguées des hommes et de leur quenouille, de leur fuseau.
Nous sommes plus âgées que la nuit, nous sommes filles de la Terre et du Ciel, infatigables filandières de vos vies. Nous sommes les gardiennes de l’harmonie des mondes.
La plus jeune file et constitue ce brin de laine si ténu, elle était jadis habillée de bleu clair et couronnée des sept étoiles, sa quenouille joignait ciel et terre ; la seconde, vêtue autrefois de rose, mettait la laine sur le fuseau, prenait soin des milliards de fuseaux à ses pieds comme de minuscules cocons de soie ; quant à moi Atropos, on m’a appelé ainsi, je coupe, je coupe tout simplement, ma robe est toute noire et je suis inflexible. Je ne vous crains pas et le remords n’est pas mien.
Nous sommes ce jour épuisées par vos vies misérables, alors que le mouvement et l’harmonie des sphères célestes sont si beaux, les desseins du grand monde nous avaient donné à rêver. Vous avez par vos échecs, vos jalousies, vos dépits, vos arrogances, vos outrages, scellé vos destinées. Nous n’avons plus envie de présider vos naissances, d’enrouler vos vies ; nous ne souhaitons plus que couper toutes ces laines inutiles, futiles et funestes. Et même si nos yeux sont morts, notre cécité ne nous empêchera pas de couper d’un coup, d’un seul et funeste coup toutes ces laines encombrantes. Nous tournerons alors nos regards vides vers d’autres mondes plus chaleureux. Ou alors : surprenez-nous, prenez soin enfin de votre monde, minéral, végétal, animal. Remontez les pentes et nous verrons, dépéchez-vous, nous sommes fatiguées.
Claude Laumonier
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