LE "VOYAGE" de CLAUDE
Retour vers l'enfance
J’ai 10 ans en 1939 à la déclaration de la guerre, j’habite à Rouen.
Mon père obtient un important chantier à Azay le Rideau, et en 1940, au moment de l’exode, il décide de nous emmener avec lui à Azay
Je quitte notre appartement près de la cathédrale et découvre avec bonheur les très belles forêts autour de la ville
et surtout la cueillette des champignons. Nous en ramassons beaucoup mes frères et moi, et ma mère et ma grand-mère les enfilent
sur un fil. pour les faire sécher ; l’hiver, nous avons des champignons dans le rizotto !
A notre retour, je rentre au lycée, le lycée des filles est occupé par les allemands. Le lycée de garçons est divisé en scolarité pour les garçons le matin, et scolarité pour les filles l’après-midi. Nos conversations dans les pupitres où nous trouvons des petits mots, consistent à deviner quel était l’occupant du matin !
Mon père était suisse et nous avions la double nationalité. Les sœurs et frères de mon père firent la demande auprès de la Croix Rouge pour que nous puissions venir en Suisse.
Mes frères et moi , y avons habité trois mois en 1942, trois mois en 1943, et après le terrible bombardement de 1944, nous y sommes restés trois ans.
Le voyage en Suisse est un grand périple. Ma mère nous accompagne de Rouen à Paris, le train s’arrête
sans cesse, il faut descendre et prendre un autre train. Le lendemain, nous avons rendez-vous à la Croix Rouge. La séparation avec ma mère est très émouvante. Le train s’arrête longtemps à la frontière, jusqu’au contrôle des Allemands.
Arrivés à Genève, les enfants sont logés dans un beau bâtiment de la Société des Nations , situé au-dessus de la ville. Puis les enfants sont répartis selon les cantons suisses et entament la dernière partie du voyage. Ce sont les premières montagnes couvertes de neige, et nous sommes émerveillés, après le Gothard, le paysage change totalement, sous le soleil, les fleurs, la verdure, c’est le Tessin. Notre tante nous attend à Bellizona.
Avec la famille très chaleureuse, une vie de rêve .et de liberté commence. .Les promenades au bord du lac Majeur, l’atmosphère joyeuse des terrasses de café égayées d’orchestre m’éblouissent. J’ai 14 ans.
Claude
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