SOUVENIR DE JARDIN de JULIETTE
Il était si vaste le jardin de mon Grand-Père si plein de merveilles, Je ne saurais toutes les décrire.
Au hasard de mes souvenirs, ce qui avait le plus étonné la petite fille que j’étais, le buisson de mûres sans épines, et grosses et noires.
Et le poulailler un petite oeuvre d’art en briques où on avait logé les lapins. Comme je les aimais, j’allais leur confier mes petites peines, les caresser, leur donner une carotte en cachette….
Par contre je n’aimais pas les poules, mais j’accompagnais la Mé quand elle leur jetait des graines, « piou, piou, piou « leur disions nous, elles venaient en répondant : « cot, cot, cot »
Et le buisson de framboisier, J’en mangeais, j’en mangeais, car rien n’était interdit chez ma grand-mère, ‘Vas ma petite, vas, fais-toi plaisir’
Qu’il était profond ce jardin,vers le mur trônait un noyer et surtout un immense prunier, on le secouait et il pleuvait des « blauches », mais il ne fallait pas tomber ,autour de lui il n’y avait que des orties…. Que j’ai pleuré ce jour-là, les fesses tout en cloques !
Alors la Mé m’a prise sur ses genoux après m’avoir enduite de vinaigre, et m’a dit de si douces paroles en patois, et l’ai embrassée sur ses joues ridées en lui répétant « que tu es belle, Mé, que tu es douce, « et elle me répondait comme toujours « je ne suis qu’une peute vieille »
N’oublions âs le jardin bourgeois sur le devant, le domaine de ma grand-mère Alice, la fille de Mé.
Il y avait surtout une table de pierre, faîte d’une immense meule où l’on pouvait s’installer à
six.
On passait les assiettes et les plats par la fenêtre de la cuisine toute proche, des plats si délicieux, des champignons que mon grand-père était allé ramasser dans les bois (des chanterelles et des trompettes de la mort noir-bleuté) et surtout les merveilleux choux à la crème qui avalaient, tant ils étaient gros ,d’énormes cuillerées de crème fouettée.
Continuons où l’accueillant perron était entouré de fleurs, des « désespoirs du peintre, des plantes de rocailles, des iris et surtout un rosier aux fleurs blanc-rose, que ma grand-mère appelait « mes roses porcelaine »
Mais j’ai oublié la tonnelle derrière, vers le puits dont on tirait de l’eau glacée et où la famille se réunissait le soir, à la fraîche. La chatte nous amenait ses petits un à un et Mé disait de sa voix douce, « voilà elle a tout son monde » et nous aussi.
Je crois qu’il faut que je m’arrête, les souvenirs sont trop beaux, trop émouvants, ils m’enveloppent de leur poids léger, léger et ineffaçable, de l’époque où j’étais une petite fille heureuse.
Juliette
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