LA FÉE d'UT

Publié le par juliette b.

 

 

À la poursuite des fées

 

Je revenais d’une course solitaire aux côtés de mon torrent d’enfance; une «bavante» comme on dit chez nous, quand on marche raide et long sous le soleil.

En haute Savoie ça se passe comme ça:

Tout en haut il y a le ciel, avec assez de bleu en été pour faire une culotte de gendarme.

Autour du ciel il y a la neige, lames blanches de soleil à crever les yeux, qu‘il fasse beau, ou brouillard, ou neige.

Sous la neige il y a les ardoises marines, verticales, nettes, tranchantes; dont on voit toutes les failles par trop grand beau temps.

Sous les ardoises il y a la forêt de sapins vert foncé, tous collants de sève odorante; et les mélèzes bleus immenses, larges et majestueux; et les racines et les cailloux par terre, recouverts d‘aiguilles sèches, brunes. Et le silence; sauf les godasses qui dérapent et se freinent.

En travers de la forêt il y a les clairières à champignons, à myrtilles, framboises, fraises, groseilles….

Sous la forêt il y a les prés.

 

Je courais-glissais dans le pré, au milieu des herbes trop hautes et quelques fois craquantes déjà.

Je suais. Mes genoux brûlaient la descente trop raide…

Je n’ai pas rattrapé la godasse…

Je dérape, glisse… Je suis allongée face au ciel, la tête dans l’oreiller râpeux des herbes.

 

Et c’est un pré bruissant de vent léger, alourdi de soleil, qui sièste douze heures.

Et c’est silence.

 

Il n’y a plus d’autre mouvement que les bruits sus depuis la nuit des ans.

 

Alors..

Naît un fil de soie translucide; puis un autre.

Ils s‘étirent, entortillent le temps.

 

Il n’y a plus d’autre mouvement que les bruits sus depuis la nuit des ans.

 

Ephémère et fée fille prennent une aile de vent, s’enhardissent; et filent, et batifolent, et caracolent, herbe à herbe; elles s’enroulent, se caressent, rient l’air; elles chantent les transparences; leurs fils arabesquent l‘été vers l‘automne; les verts les bruns, les boutons d’or, qu’elles cirent de soleil.

Leurs soies brillent et enflent; dansent, pirouettent; centrent.

 

Le silence des bruits sus depuis la nuit des temps joue les fées, les éphémères, sur un air de vent solitaire.

 

Chut…. j’y dors encore.

Ut le 11/09/2009

http://www.utdo.net/

Une dédicace spéciale à Sourire Compris.

Publié dans Ut

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C
<br /> La montagne est bien vivante avec ses douceurs et sa dureté, la nature y est rude, et la fin poétique , très réussie.<br /> <br /> <br />
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U
Toute mon enfance!Merci :)
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A
Je connais bien la Savoie, je découvre ses fées et en suis enchantée !!!
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