BRAISES ET C ENDRES de LILI
Lilia
Braise et Cendre
Tu insuffles parfois l'espoir brûlant d'une amitié encore vive sous la braise, tu te fais douce et conciliante, tu annonces l'imminente main tendue que tu gardes finalement dans la poche, fermée sur une lame. Tu viens en amie dis-tu ? Tu te veux réconfort ? Alors je t'écoute ma danaïde, déverser ta vie en surveillant tes cheveux, en y cherchant l'épingle. Si l'oursin pique, lui c'est pour se protéger. Mais toi, qu'à tu donc à craindre de moi ? Quelle vanité, quel épine d'orgueil te font encore croire que je ne suis pas déjà à terre, foulée par tes fausses promesses ? Je me fais si petite, toute petite souris grise cendre perdue dans le ciel d'orage. Je n'ai pas d'épines hélas, mais je connais l'art de la dissimulation.
Je te connais, j'ai appris de mes défaites successives. Les larmes de sang sont la nourriture des sages. Ne le savais tu pas ? Oui, j'ai bu le sang, le mien que tu as versé. Je connais aussi le goût de la mort et de la cendre, puisqu'ensuite tu as brûlées mes ailes. Ton silence m'est soulagement, ton absence est ma paix. Tu es si belle pourtant, bien des hommes succomberaient dans tes bras si tu ne les effrayaient pas. Une autre mort, bien plus douce celle-là, et bien plus généreuse. Mais, toi tu ne te donnes pas, tu manigances et tu extrapoles. L'anticipation dans tes yeux devient fomentation. Tu élabores les plus tendres perfidies puis tu tournes le dos lorsque aucune récolte n'est encore à cueillir.
Si j'avais le pouvoir de Circé, je te ferais biche, sans griffes ni cornes, larguée au milieux de tous les volcans que tu allumes. Tu as bien des yeux de biches, des cheveux d'ange, mais la silhouette de Salomé. Il y a des têtes encore à couper sur ta route. Je n'y peux rien.
En t'apercevant sur mon océan, j'ai pris peur car j'ai su immédiatement que je serai prise au piège. Raidie dans l'instant je m'interrogeais.. Quel mauvais plan t'amenait sur mes eaux ? Aurais-je su par avance, je t'aurais guidée vers ceux de ton monde pour protéger les miens. Car parfois tu sembles perdue..., dans les méandres de ta vanité. Tu aurais trouvés alors d'acceptables adversaires que tu aurais facilement séduit. De tes alter égo j'en connais, je les reconnais comme le chat flaire la viande avariée à cent mètres pour s'en détourner. Comme j'aimerais que tu demeures dans ces sphères sulfureuses sans contaminer les équitables et les généreux.
Et pourtant, imbécile, j'attendais encore un geste, l'esquisse d'une sourire, même de loin. Tu es si belle, tu as tant de possibles devant toi mais tu marches fièrement pieds nus dans le souffre et la braise. Et tu consumes ceux qui t'observent, comme moi, lorsque tu leur tournes le dos.
Je te connais et, enfin, je te nomme. Hel, qui transforme les sépultures en navires, née volcan parmi les glaces. Tu es braises et cendres.
Lilia