L'INNOCENCE par DANIEL
Aucun enfant n'a demandé à naître,
pourquoi le faire souffrir
à la récré, ils s’moquaient toujours de lui,
mais moi j’m’en fous j’suis pas dans sa classe,
y’en a qui disaient, il est drôle,
fait rien que nous regarder, y parle comme un zombi,
j’avais rien fait ce soir là, je sortais du bahut,
deux heures de colle et la tronche des parents,
l’était appuyé au mur, assis au trottoir,
il pleurait,
oui Madame, je viendrais, c’était tout propre chez elle,
j’ai frappé, j’avais un peu peur ce jour là,
son p’tit costard vert de poupée,
sourire affable, d’une mère éplorée,
merci dit-elle, il est si fragile
mais comment il me regarde !
la frange bien taillée, chaussettes et cravate,
j’ai enlevé ma casquette, j’étais gêné,
c’était ici, la bien-pensance ?
l’innocence coincée du dimanche matin
sous le portail de l’église ?
j’aurais pas dû l’aider,
maintenant entre les cours, viens toujours me voir
et c’est moi l’exclus désormais,
puis ce jour,
tous les deux au pied du marronnier,
- tu sais, viennent me chercher demain,
m’ont retrouvé, ils vont me ramener,
dis, tu promets, t’iras voir ma « mère »,
tu sais j’ai rien fait,
juste naître ou y faut pas…
son pas était lent quand il est parti,
je savais bientôt ses petits costumes de cirque
retourner en guenilles…
Daniel