10:François

Publié le par NatC

 Nous avons tous besoin de reconnaissance aussi petite soit-elle. C'est pourquoi je demande à tous ceux qui prennent le temps de lire les textes ici publiés, de laisser une emprunte de leur passage, de déposer un commentaire pour l'auteur qui a travaillé sur son texte parfois de longues heures ! Merci.NatC
Bienvenue à Mathéo et à l'ami François.Merci pour leurs textes.
Il n' y avait pas de dimanche pour Cosette, depuis ce matin blafard ou sa mère l’avait emmené chez les Ténardier, pas de dimanche ou elle ne repensait à ce jour là.

Maman ne lui avait rien dit, sans doute pour ne pas la chagriner, peut-être aussi parce que la tristesse lui serrait si fort le cœur qu’aucun mot ne pouvait plus sortir de sa bouche.

Elle sent encore la chaleur de la main de sa mère, autour de la sienne,  la douleur des ses petits doigts presque écrasés par le désespoir de l’inéluctable abandon. Elles avançaient doucement  dans le village, à peine visible à travers le brouillard de la nuit tombante. Le vent était glacial. L’humidité pénétrait les vêtements, rendant encore plus vive la morsure du froid. Au bout de la rue se balançait l’enseigne de l’auberge.

Le regard de Cosette avait croisé celui de sa mère. Ses yeux suppliant semblaient crier « ne nous arrêtons pas maman, je vais bien » . Aucun son ne sortait de sa gorge, seul l’assourdissant vacarme du silence de leurs deux âmes en perdition retentissait dans la nuit.

Encore six cents mètres avant l’écriteau de bois. Imperceptiblement Cosette avait ralenti, pressentant quelque chose.

Sa mère comprenant le malaise s’arrêta, elle s’accroupit, plongeant ses yeux dans les yeux de sa fille, il n’y avait pas besoin de mots, les larmes coulaient doucement sur les joues de Cosette, elles inondaient la figurent de sa mère.

«  Cela fait déjà trois villages que nous traversons Cosette et la nuit tombe, il faut nous arrêter. »

Elle serra Cosette dans ses bras comme si cela devait être la dernière fois, leurs cœurs battaient à l’unisson, rythmant une même angoisse de la déchirure.

Au bout d’un instant elle se releva et dit « allons-y » sa voix tremblait comme la corde d’un violon trop tendu. Cosette ne savait pas si elle avait entendu ou seulement deviné les paroles de sa mère.

Encore quelques mètres, les plus durs, les plus longs. Au bord du trottoir, une charrette arrêtée. De l’autre coté, trois marches menaient à une porte de guingois, l’auberge des Ténardier.

A peine le pied sur la première marche que le coché du charreton  les interpelle

  • bonsoir, c’est vous qui venez travailler chez Monsieur Madeleine, je suis Javer son cocher, Il m’a dit de venir vous attendre, il a créé une école pour les enfants des filles mères, il est bien ce Monsieur Madeleine, installez vous à l’arrière.
 

Elles n’ont eu le temps de dire aucun mot. Assises à l’arrière de la charrette, elles voient l’écriteau se balancer, Elles le regardent, attendries disparaître dans la rue. 

la plume est la langue de l'âme

        
 

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L
J'ai tant aimé Cosette, ce retour dans mon âme d'enfant qui revit en ton texte est une merveille, et il est tout original, comme je les apprécie encore davantage !
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M
C'est étonnant mais j'aime bien
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N
Malgré la suite que l'on sait des "misérables" ,celle de François devrait être intéressante...<br /> Le décor est bien planté et tu nous amènes subtilement dans l'univers psychologique du mythe "cosette". Merci!
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A
Comme tu vis bien tes classiques !<br /> émotion, tendresse, musique !<br /> Merci pour cette superbe évocation de notre patrimoine littéraire.<br /> ABC
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