16:Christine
La porte s’est ouverte avec un léger tintement. Dans l’encadrement elle se tenait là, immobile, hésitant à entrer.
Un pas puis deux la firent entrer dans le café. D’un pas peu assuré, légèrement chancelant, elle se dirigea comme une automate vers la table du fond, indifférente aux regards qui la dévisageaient. Elle s’y laissa glisser, les épaules courbées sous le poids d’une immense douleur, d’une immense solitude. Quand un expresso lui fut apporté, elle tint la tasse sans la porter à ses lèvres, perdue dans ses pensées.
Elle était belle, mais semblait n’en avoir cure. « Ne me regardez pas, laissez moi » criait tout son corps sanglé dans son manteau. Le chapeau lui-même, pourtant d’une couleur pleine de vie, faisait comme une camisole autour de son visage blême..
Elle resta longtemps immobile pendant que son café refroidissait dans la tasse..
Les bavardages interrompus par son arrivée avaient repris mais plus sourds comme si les personnes présentes voulaient la laisser dans un léger brouhaha ,comme pour lui dire qu’ils étaient de tout cœur avec elle,qu’ils voulaient lui donner de la douceur et la ramener un peu à la vie…
Et puis elle sembla prendre son souffle, se releva et se dirigea vers la sortie. « Merci » dit elle d’une voix douce et un peu rauque. « Merci » dit elle avant de franchir cette porte qui faisait face au cimetière du village. Ce petit mot était le seul qu’elle prononçait, le seul que le patron du village entendait de sa bouche depuis 4ans :.Quand elle venait chaque 1er Décembre sur la tombe de son mari et de sa fille morts dans un accident de voiture.
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