ILS SE SONT INSTALLÉS...de MIFA
Dernier venu Mifa.
J'ai craint de devoir le reporter à la prochaine consigne, mais heureusement
le fin du texte est "dans la ligne"
Je crois que vous apprécierez comme moi
la simplicité délicate de cette écriture
J'ai craint de devoir le reporter à la prochaine consigne, mais heureusement
le fin du texte est "dans la ligne"
Je crois que vous apprécierez comme moi
la simplicité délicate de cette écriture
Ils se sont installés sur les lignes de fuite, entre la table de marbre et la moleskine rapée de la banquette. Presque au coin du tableau, et lui presque hors-champ. Ils ont posé au centre la bouteille d'eau, comme un appel, un rappel, à la source de vie peut-être.
Elle avait mis son chapeau, peut-être pas le plus beau : mais une femme " en cheveux" n'est guère honorable. Elle a bu, elle boira, les vertèbres lasses rencoignées dans la banquette et l'haleine anisée, les genoux fébriles où se posent les mains ouvertes, dissimulées sous le marbre. Son regard fait silence ; ni le courant d'air froid ni les vapeurs de vin chaud n'agressent sa narine humide. Elle n'est qu'absence.
Son voisin pétune. Le chapeau repoussé en arrière, et la lèvre avantageuse, c'est le "Mec", le propriétaire, celui qui jamais ne doute ni ne recule, jusqu'à la mort. L'image le fait, à juste titre, plus petit qu'elle, qui est déjà morte. C'est un drôle de lieu où les morts sont plus vrais, plus importants que les vivants. Et, rappelons-le, la vie est au milieu – mais la bouteille est vide ! Et à quoi servirait cette autre table au bas de l'image, sous la vie déjà bue jusqu'au cul épais de la bouteille vide, sinon à figurer la pierre du tombeau ?
Non, nous ne saurons pas pourquoi cet homme et cette femme sont venus s'asseoir ici un matin d'hiver. Quelle importance ? N'avons-nous pas le même rêve amer perdu au fond des yeux, le même frisson au creux de l'échine, la même larme au bord de la narine ? et même, et même, telle une fumée âcre, ce nuage d'apparences que nous tenons à poings fermés comme une armure envers et contre tout – jusqu'à la mort ?
Mifa
http//tibazar.over-blog.