LE LAC D'INDIFFÉRENCE de CLAUDIE
Éprouvante traversée
J’ai navigué sur bien des mers, pris des bateaux en partance pour des contrées dangereuses mais aucun de ces périples n’a été aussi éprouvant que la traversée du Lac d’Indifférence. Il n’est pas très vaste mais il renferme toute la douleur du monde dans ses eaux glacées. J’ai jeté des ponts pour le traverser. Mes échelles de corde, tissées de sentiments, se sont révélées trop sensibles et se sont effilochées dans le temps.
Je voulais tellement l’atteindre le Royaume sacré, celui dont on parle dans les livres avec des mots d’extase et de félicité. Poursuivre ma quête d’amour à travers les âges. Moi qui ne suis que mortel, je voulais décrocher ma tendre et merveilleuse étoile.
Les monstres aux yeux aveugles se sont tapis dans ses profondeurs. Des remous ont fait tanguer ma barque et les roseaux qui tremblaient mollement au vent n’étaient que rets mortels pour l’audacieux qui voulait s’y abriter.
J’ai passé les doigts dans des cheveux de brume comme l’on s’égare dans le regard trouble d’une naïade et un matin, je me suis échoué sur ses rives. Rejeté par les eaux maléfiques. Je ne sais si je le dois à la force de mes sentiments où l’aide des femmes du Royaume des Précieuses. Je sais seulement que le Lac d’Indifférence ne supporte pas le courage, qualité bien trop humaine.
Une fois sur la berge, j’ai couru de toutes mes forces invisibles pour frapper à la porte richement ouvragée du Royaume d’Amour.
CLAUDIE