LIT DE VERDURE de BAB
Au chant du muezzin, tout est rose à l'est, à perte de vue sur la hamada. Vers le djebel, une longue saignée verte d'où émerge la chevelure des palmiers. L'âne approche à petits pas rapides, descend le sentier vers le fond de la faille et s'arrête au bord de l'oued.
L'homme est déjà là, occupé al-woudou, l'ablution avant Al-fajr, la prière du matin. L'âne avance un sabot prudent dans l'argile craquelée et boit doucement pour ne pas déranger l'homme qui prie debout comme les montagnes, s'incline comme les animaux, se lève et se couche comme les astres, au rythme de la sourate, louange au créateur et ses merveilles.
Sous le poids des fruits, les oliviers aux feuilles d'argent s'inclinent, protecteurs, au-dessus des parcelles où lève le grain, tapis de verdure, promesse encore fragile, Inch Allah ! L'homme se relève, coupe un papyrus à la tige cassée qu'il plante tête en bas dans le limon. Il rejoint l'âne, lui passe un licou, petite tape sur le flanc ; ils partent. Quatre pattes tricotent allègrement, deux jambes allongent des pas décidés.
Un bruit mat dans l'herbe derrière eux : une datte est tombée, dorée dans un nid vert fluo.
Tout ce qui vit tire sa nourriture de la terre. La verdure est notre lit.
Bab
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