SUR UN SYMBOLE CHINOIS de CLAUDIE
LA PROIE
Le silence se fait. Un silence lourd de sous-entendus, de cris ravalés. Il est immense au-dessus d’elle. Elle est vulnérable, écrasée. Il lui a hurlé brutalement de la fermer. Au début, c’était plutôt un jeu, maintenant elle a peur de lui. Elle a décelé la lueur de cruauté dans ses yeux. De toute façon, il ne sert à rien de crier. Elle est seule, égarée. Et personne pour la protéger. Il en a toujours été ainsi. Ce qui lui arrive n’est que la suite logique d’une vie d’abandons successifs. Elle savait bien qu’elle n’y échapperait pas. Elle est arrivée à la fin du voyage et ses soubresauts dérisoires de défense ne font qu’attiser la haine de son agresseur. Il maintient son emprise. Il maintient sa prise.
Elle n’est plus qu’une poupée de chiffon, secouée avec hargne. Elle ne sent plus les coups. Elle est détachée. Maintenant tout s’éclaire de rouge. Le sang coule de la gueule du monstre. Son propre sang. Elle gît à terre crevée comme un ballon, sa robe souillée.
Sa peau si douce, la brillance de ses yeux ! Tout est mort, éteint. Une vie, cela ne représente rien dans cette jungle.
L’animal, l’homme qu’elle aimait peut commencer son repas. La proie est enfin tuée.
CLAUDIE