L'INNOCENCE par CLAUDIE
Les yeux de l'innocence
au regard blessé
La petite a tout vu mais elle ne dira rien. Elle a appris à se taire comme une grande. N’est-elle pas grande du haut de ses six ans. Elle les a surpris. Il faut dire qu’ils ne méfiaient pas d’elle.
Elle en savait trop, c’était sa faute, elle n’avait pas besoin de fureter partout, de traîner sa tristesse d’enfant délaissée dans chaque recoin.
Quelque temps après, on trouva le corps du père noyé dans le puits. On parla de suicide mais la police avait des doutes. L’homme était un joyeux drille et semblait si heureux avec sa jolie famille. Sa femme si jeune et sa fillette si blonde et si jolie.
La fillette aux yeux bleus purs n’avait rien dit mais un enquêteur avait trouvé des dessins drôlement éloquents de deux adultes poussant un homme dans un puits et puis des portraits de sa mère serré de près par un homme qui ressemblait à s’y méprendre à son beau-frère.
Le policier se dit que ce jour-là, la petite avait dessiné trop bien pour avoir gardé l’innocence des gosses de son âge.
Claudie