ECHO OLFACTIF D'ARTHÉMISIA

Publié le par juliette



 Mon grand-père à ôi sentait la pipe, mais il était si beau
 
       
La mémoire est aussi un écho olfactif.
 
Elle commence sur les genoux d’un grand père savonnier  fleurant la propreté jusqu’à l’ivresse, et dont je n’arrivais jamais à quitter les joues lisses comme celles d’un nouveau né.
On me l’a longtemps reproché.
L’amour fait toujours des jaloux…
 
Puis arrive le soleil et le parfum d’or du chichi, bien gras et bien sucré, dégusté sur la plage des vacances en juillet, jusqu’à vous écoeuré de la fleur d’oranger !
 
Comme suite à la douceur, l’iode vient se mélanger au parfum de noisette. C’était toute la Méditerranée  qui nous sautait aux narines quand je ramenais le fond de mon seau rempli d’arapèdes que j’avais passé des heures à décoller des rochers.
Si vous voulez me faire plaisir, offrez moi des sushis.
 
Encore le Midi et ses romarins qui me griffaient les jambes. Il parait que cette herbe apaise les tempéraments fougueux. J’en ai pourtant tant respirer…et mangé ! Pas une grillade n’y échappait !
Pardon mais …je ne me suis pas calmée…
 
A l’heure de la rentrée, avec application chaque élève devait entretenir  son bureau d’école. Je fermais les yeux.
- « M., vous dormez ? »
- «  Non, non, Madame, je respire l’odeur de la cire ».
La classe bourdonnait. Abeilles en tablier.
 
Je suis partie ailleurs, là où les fleurs sucrées recouvrent le corps des filles.
L’air n’existe pas, en Polynésie. Dès votre descente d’avion, vous êtes dans une fleur.
A savoir si d’ailleurs les filles de là-bas ne sont pas elles – mêmes des fleurs de tiaré ?
Monoï, tu m’as grisée !
 
Entre vapocraqueur et centrale nucléaire, je n’ai pris qu’une seule respiration : je ne te renie pas mon Nord natal, mais dans mes veines ne peut couler désormais que du soleil.
 
Mon plaisir, aujourd’hui, se parfume cap au sud.
Sur les peaux bronzées à l’ambre solaire.
Dans les effluves des expressos italiens.
Dans les bains à la vanille.
Et la chaleur,  derrière les volets, concentre le désir. Lui aussi parfumé.
A toi.
 
Copyright © Arthémisia – août 2007
http://corpsetame.over-blog.com

 
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Publié dans Arthémisia

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L
Comme l'enfance inspire aux odeurs un peu disparues comme celle de la pipe du grand-père qui me rapelle à lui, merveilleux texte
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B
Les odeurs sont la caution des souvenirs
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A
grands-parentsEnfanceVacancesLes odeurs du bonheurCelles qui marquent les coeurs !
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A
Les sens sont les gardiens du souvenir.Merci de vos comm.amitiéArthi
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F
Un parfum d'enfance -à la lecture de ton texte, le chant des criquets résonnent dans ma tête. nos sens sont-ils la base de nos émotions? Je le croismerci pour cette résurgeance du passé
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