BRAISES ET CENDRES d' ARTHEMISIA
Croire au Phénix
Je l’ai toujours dit : je ne voulais pas être incinérée.
Et pourtant une fois de plus tu ne m’as pas écoutée.
Moi je rêvais de funérailles en grandes pompes, d’une Toccata de Bach, d’un cercueil d’acajou et de bronze, d’odeurs de cire et d’encens à vous soulever le cœur et l’âme et de mes amis effondrés.
Je rêvais d’un éloge lu par elle ou par lui, un éloge de ceux qui font tomber les jeunes filles sur leur prie-Dieu et pleurer même les plus durs machos.
Je rêvais de reniflements, d’yeux rougis, de condoléances graves.
Et surtout je rêvais de retrouver le premier homme de ma vie, là-bas.
Tu as dû penser que tout cela était prétentieux, inutile, et égoïste. Et que de toute façon je ne serai plus là pour le voir.
Mais tu as tout bien fait ; ni elle ni lui de sont venus. Pas prévenus. Il parait que nous n’étions plus amis depuis longtemps. Ca c’est toi qui le dit.
Et puis ça t’a coûté moins cher.
Que vas tu faire de moi maintenant ? Tu pourrais me poser sur la cheminée sauf que tu…. n’as pas de cheminée. Tu pourrais te servir de moi comme cale-porte. Je l’ai déjà vu faire. Tu pourrais me jeter dans la mer ou encore m’oublier au fond du jardin.
Oublier…
Tu dois t’imaginer que désormais j’erre dans mon obscur. Et que ça, ça ne change pas beaucoup de ma vie.
Alors pourquoi mourir ? Pourquoi devenir cendres si c’est pour continuer comme avant?
Mais je vais t’en apprendre une bien bonne : il existe des gens qui aiment la vie en très grand. Ici, je me sens déjà à l’étroit. Ca doit être mon côté expansif, comme tu disais.
Au fait, crois-tu au Phénix ?
Copyright © Arthémisia – juin 10
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