LES VOYELLES D'AZALAÏS
Remarquable déclinaison d'Aza sur les couleurs
*A*, jaune, avec ses longues jambes, prêtes à voyager.
Ocre jaune des dunes ou jaune japonais,
jaune d'or des soleils posés sous d'autres cieux !
Il est aussi de Naples, jaune indien, jaune souffre.
Dévalant de l'Etna les flancs gris et poudreux,
Il glisse vers la mer, s'évadant du grand gouffre.
Au sommet de mon *E*, moi je mets une ombrelle,
Pour qu'il devienne bleu, comme le sont mes rêves.
Bleu azur, bleu d'espace, prenez moi sur vos ailes,
Sur des chevaux d'écume venus de l'outremer
Et puis déposez moi tendrement sur la grève,
Comme un doux coquillage irisé de lumières.
*I*, vert, planté comme un grand hêtre
Au coeur d'une hêtraie entourée de halliers.
Vert olive, turquoise, terre verte, phtalo,
Véronèse, prairie, émeraude, cinabre,
Toutes ses feuilles dansent, gorgées du vert nouveau,
Pour me dire la joie du printemps retrouvé.
*O*, rouge, pour crier ma colère,
Bouche ouverte, poing tendu, bras levé.
Assez de sang versé au sable des arènes !
Ecarlate, rubis, carmin, alizarine,
Vous qui aimez hurler en meutes carnassières,
Il est d'autres combats plus justes à mener.
*U *tout brun de la terre fraîchement labourée,
Brun profond des sillons qui fument dans le soir,
Terre d'ombre brûlée de la fin de l'été,
Ocre rouge des boues qui colorent le Tarn.
Je voudrais mille mains pour toutes vous pétrir
Et vous chanter sans fin sur le *U* de ma lyre.
Azalaïs