ARCHITECTURE VÉGÉTALE de MALINE
Texte complexe et très prenant.
Il n’y a pas plus criard qu’un mur inerte. Un mur, c’est la cachotterie même. Un panneau indicateur marqué de grosses lettres d’encre noire : SECRET, c’est ça un mur. La discrétion dans la révélation.
Je suis seule. Assise. Debout. A force d’être là, je ne sais plus. C’est étrange comme il est facile d’oublier.
Un mur c’est avouer sa faiblesse au monde entier et se cloîtrer derrière, crier au vent et aux gens, en espérant qu’ils soient aveugles et sourds : « regardez-moi ! je n’ai pas la peau assez dure, il me faut la déchéance d’un mur ! ».
Je suis là depuis hier ou un millénaire. Je suis architecte, maçon ; à la fois brique et ciment. A force d’être là, immobile face à mon destin, je ne sais pas.
Un mur c’est la honte.
Pire encore s’il est tombé. Un mur écroulé n’est rien d’autre qu’un émissaire infâme ; une ruine c’est le souvenir. Stigmate indestructible d’un passé qui s’accroche au présent, répète inlassablement : « pardon, pardon d’être mort ou d’avoir existé ! ». Il n’y a pas plus couard qu’un mur inerte.
Un mur c’est moi.
C’est construire un espace protégé, sans penser à l’asphyxie ; c’est mourir un peu chaque jour mais survivre jusqu’au lendemain.
Un mur c’est la fuite même, et la bravoure de l’aveu. Il est difficile de cacher le mur derrière lequel l’on se cache. A moins d’avoir la main verte, de masquer la décrépitude des pierres par celle d’une ligne de verdure ; et ainsi croire encore. A sa respectable humanité.
Par chance je cultive ; j’arrose et j’oublis aussi. Que derrière ce mur, il y a moi.
Maline,
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