ARCHITECTURE VÉGÉTALE de MALINE

Publié le par juliette b




Texte complexe et très prenant.

 
Il n’y a pas plus criard qu’un mur inerte. Un mur, c’est la cachotterie même. Un panneau indicateur marqué de grosses lettres d’encre noire : SECRET, c’est ça un mur. La discrétion dans la révélation.
Je suis seule. Assise. Debout. A force d’être là, je ne sais plus. C’est étrange comme il est facile d’oublier.
Un mur c’est avouer sa faiblesse au monde entier et se cloîtrer derrière, crier au vent et aux gens, en espérant qu’ils soient aveugles et sourds : « regardez-moi ! je n’ai pas la peau assez dure, il me faut la déchéance d’un mur ! ».
Je suis là depuis hier ou un millénaire. Je suis architecte, maçon ; à la fois brique et ciment. A force d’être là, immobile face à mon destin, je ne sais pas.
Un mur c’est la honte.
Pire encore s’il est tombé. Un mur écroulé n’est rien d’autre qu’un émissaire infâme ; une ruine c’est le souvenir. Stigmate indestructible d’un passé qui s’accroche au présent, répète inlassablement : « pardon, pardon d’être mort ou d’avoir existé ! ». Il n’y a pas plus couard qu’un mur inerte.
Un mur c’est moi.
C’est construire un espace protégé, sans penser à l’asphyxie ; c’est mourir un peu chaque jour mais survivre jusqu’au lendemain.
Un mur c’est la fuite même, et la bravoure de l’aveu. Il est difficile de cacher le mur derrière lequel l’on se cache. A moins d’avoir la main verte, de masquer la décrépitude des pierres par celle d’une ligne de verdure ; et ainsi croire encore. A sa respectable humanité.
Par chance je cultive ; j’arrose et j’oublis aussi. Que derrière ce mur, il y a moi.
 
Maline,
http://maline.unblog.fr/
 


Publié dans Maline

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A
Il y a effectivement des gens qui n'ont plus que cela : la sécurité d'un cocon d'illusions ! Faut-il les en tirer ? Parfois on a envie de prendre un outil , de détruire son propre mur, ses propres défenses pour attaquer le cocon de l'autre ! Difficile de s'y retrouver !
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M
Bonsoir ABC, question très interessante en effet ; et si tu veux mon avis je crois qu'un mur c'est moins le refus d'exister que celui d'assumer son existance... Se cacher derrière un mur peut à mon sens également signifier le refus d'un choix entre la vie et la mort ; une sorte de stagnation qui n'exclus pourtant pas la progression : le protectionisme éducateur est parfois une bonne option.Dans les deux cas, un mur est selon moi une situation qui peut être autant positive que négative ; "mourir un peu chaque jour [parce que ne pas vivre pleinement, avoir restreint consciement ou non l'espace de notre propre liberté] mais survivre jusqu'au lendemain [un mur bien sur permet de se protèger, de se blinder, de ne pas mourir maintenant sous les flèches, les regards ou les crachats mais préserver l'espoir de pouvoir un jour y faire face, face à face]".Se cacher derrière un mur est pour moi un processus qui bienque parfois long voir très long n'est jamais définitif. A un moment donné cet immobilisme d'idée mais pas d'esprit doit nécessairement prendre fin : soit on meure d'asphyxie (et j'aime entendre ce mot comme un vrai retour sur soit : on s'étouffe soi-même d'avoir repirer tout l'oxygène); soit on sort par une porte, une fenêtre comme l'on si justement exposé quelque uns des auteurs ici présent. Mais il est parfois plus confortable de subir que d'agir ; la sécurité d'un cocon d'illusions est parfois plus attirante que la crudité de la réalité ; ou encore il semble parfois préférable d'attaquer plutôt que d'attendre de l'être... Alors non, pour répondre à ta question, se cacher derrière l'un de ces murs n'est pas un refus d'exister mais, pour moi, un refus momentané d'affronter la (pathétique?) réalité de son existence...Bien à toi,Maline
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A
Un mur pour se cacher, est-ce un refus d'exister ???
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B
Ainsi chacun choisit la décoration de son mur puis s' y  calfeutre à sa guise, attendant d'ouvrir ou de laisser s'ouvrir une évasure !
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M
Merci Juliette d'avoir publié ce texte... Dommage cependant de n'avoir pas conservé la mise en page italique (un paragraphe sur deux) qui permettait de comprendre le déroulement du texte et de séparer les phrases à la première personne du singulier qui s'intercalent ; murs de pensées qui donnent son sens au texte...Amitiés,Maline
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N
Je vais voir ce que je peux faire.Les textes arrivent en nombre, et je n'ai pas toujours le temps d'affiner,Dans un cas particulier me le signaler avant ... si je peux répondre à vos exigences, je ne refusrai pasAmitiésJuliettePS : c'est fait