CONVERSATIONS ORDINAIRES de MALINE
Ce vide que le désespoir crée en nous,
cette absence à tout......A côté de moi ou bien suis-je à côté d’elle, il y a une heure qu’elle est assise. Face à son verre plein. Elle n’y touche pas, comme on aspire parfois à vivre sans oxygène. Immobile, le regard noyé d’un vide en suspends, livre ouvert à la mémoire effacé ; il est des choses invariables. Un soleil vespéral qui perd ses derniers instants de bavardage et d’inepties, éclabousse de génie, sans savoir qu’il meure. La faim est sûre. Reste, seul, le chemin.
A côté de moi ou bien suis-je à côté d’elle, ses yeux morts n’entendent pas, n’entendent rien, ni les assonances ni les transcendances de rayons déclinants ponctuant d’un « ave caesar ! » le pastiche du présent. Sa tête, seule, émulsionne.
Et son verre lui dit : « Je suis. »
- Je te pardonne.
Ou bien : « Je sais. »
- J’abandonne.
En silence. Rien n’est plus muet qu’un verre dans ses derniers instants.
Mis à part, peut-être, ces mains blafardes qui s’avancent, bravent le zèle – « morituri te salutant » – de la lumière crépusculaire, parcourent en tremblant, comme si elles avaient peur, comme si elles hésitaient finalement, la distance qui les séparent encore, presque une infinité, de la fragile amarre d’un verre de vin.
A côté de moi ou bien suis-je à côté d’elle, elle ne boit pas.
Elle aspire.
Avale sans goûter la douce et insidieuse chaleur retrouvée.
Et il ne reste d’autre vérité que les caprices d’un soleil agonisant, rendant à ses cheveux, à son visage, mais pas à ses yeux, un éclat fugitif et mystérieux ; celui d’un temps qui semble s’être oublié. Il fait trop mal de s’en rappeler…
Maline,
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